Une bonne plombée égale une belle truite au toc

La plombée et la pêche au toc.

La plombée, élément essentiel d’une ligne pour pêcher au toc, c’est elle qui est garante en grande partie d’un bon passage de l’appât. La plombée immerge et maintient l’appât dans la couche d’eau souhaitée. Mais pas que, elle régit aussi la présentation de l’appât. Bien élaborée et combinée avec une conduite de ligne adéquate et adaptée, elle assure en grande partie la réussite recherchée par le pêcheur au toc.

Comment construire une plombée pour pêcher au toc ?

Question récurrente qui n’a plus de secrets pour les esprits logiques. Il suffit de se poser les bonnes questions une fois au bord de l’eau et avec quelques informations prises in situ vous serez à même de construire une plombée efficace. Voyons comment procéder, mais d’abord partons de ce que signifie la pêche au toc aussi appelée pêche aux appâts naturels.

Construire sa plombée au toc
Comment déterminer sa plombée ?

La pêche de la truite aux appâts naturels :

Pêcher la truite aux appâts naturels est certainement la pêche la plus productive pour attraper des truites. Tout simplement parce qu’elle vise à proposer aux poissons le menu usuel qui représente l’essentiel de leur alimentation. Bien pratiquée, elle permet de toucher de nombreuses farios.

Le principe, faire évoluer un appât vivant de façon la plus naturelle possible, en général sur le fond de la rivière. Si l’on regarde la position de préférence du poisson dans la couche d’eau d’une rivière, celui-ci se positionne régulièrement dans la couche de fond, comme posé sur le substrat, maintenu par ses nageoires pectorales et caudale.

Il lui arrivera aussi, en période estivale, de se positionner entre deux eaux sur les tronçons où l’écoulement perd de sa puissance. Son positionnement tête vers l’amont est réglé en fonction des veines nourricières les plus productives et n’imposant pas d’efforts exagérés.

Comment déterminer sa plombée en fonction de l’observation ?

Partant du constat précédent, le pêcheur doit savoir distinguer les bonnes et mauvaises veines d’eau à prospecter. Son raisonnement doit toujours s’effectuer en 3 dimensions.

première dimension : considérer la profondeur et leurs flux respectifs (courants de surface / intermédiaires / de fond)
deuxième dimension : considérer la variation du profil en long et le cheminement de la veine d’eau
troisième dimension : identifier la largeur de la coulée comportant une certaine homogénéité en terme de couple vitesse / profondeur

Zones de pêche à privilégier
Evaluer les bonnes veines d’eau et leurs caractéristiques

Et ce n’est qu’en croisant ces informations que vous serez en capacité de bien préparer une dérive naturelle sur un coup donné donc d’élaborer une plombée adéquate. Chaque coup de pêche amenant à réitérer réflexion et analyse, aussi bien dans le cas du torrent ou ruisseau que de la grande rivière de plaine. On appelle cette analyse la lecture de l’eau.

Tenir compte de la saisonnalité :

Le pêcheur devra intégrer à ces informations le principe de saisonnalité et d’activité alimentaire liés à la truite fario.
Un début de saison implique des eaux froides, donc des poissons léthargiques à sortie du frai, peu enclins à chasser et à forcer mais toutefois actifs par période.

Au fil des jours et à l’approche du préférendum thermique, la truite s’active sur une fenêtre temps plus importante et se déplace régulièrement en quête de nourriture. Elle réduit son activité en période de fortes chaleurs et de manque d’oxygène dissous mais reprend de plus belle à l’approche de l’automne.

Test de l’appât naturel :

Imaginons que nous lancions un appât naturel à l’eau et constatons ce qu’il se passe.
L’appât possède une certaine densité qui détermine son poids. Au contact de l’eau, il réagira différemment. Ce poids va lui conférer son comportement propre dans l’élément eau et c’est ce qu’il faudra considérer et réussir à reproduire en tant que pêcheur.

Léger (mouches naturelles, asticots, petites teignes…), il flottera longtemps avant d’être immergé par les effets de brassement de l’eau de surface, il lui faudra certainement plusieurs mètres voir dizaine de mètres pour traverser la couche d’eau et atteindre la zone de fond.
Lourd (certaines larves naturelles, vers, grosses teignes), il transpercera aisément la résistance de la tension superficielle et coulera de façon régulière en direction du fond.

Une fois atteint la couche de fond, aussi nommée couche limite, l’appât ralentit son déplacement, se trouve parfois arrêté par des zones d’eau morte derrière les galets puis repris par les courants évolutifs, continue sa course vers l’aval. Il faudra tenir compte de cette observation lors de notre action de pêche tout en se rappelant le côté lourd ou léger de l’appât employé. Visualiser mentalement ce que serait un déplacement naturel et essayer de le reproduire est essentiel !

La pêche au toc pratiquée avec talent désignera cette faculté à reproduire le naturel.

Pour réussir à pêcher propre et efficace, il nous faut donc placer un appât prêt du fond et lui laisser une apparence permettant une évolution normale dans cette couche. Toute anomalie sera sanctionnée par un refus ou une touche inférrable.

Il convient donc de respecter toutes ses règles pour élaborer un passage de ligne et une plombée qui préservent une impression de dérive naturelle de l’appât et in fine soit capable de déclencher une touche.

Résumons au moyen d’exemples :

Nous allons prendre comme exemple une veine d’eau représentée par l’image ci-dessous et allons établir ce que pourrait être la plombée sur ce coup à deux moments phares de la saison : l’ouverture et le début d’étiage.

Veine d'eau de la rivière à prospecter aux appâts
Veine d’eau à pêcher aux appâts

– Cas de figure du début de saison :
Nous voilà au bord de l’eau, c’est l’ouverture, les eaux sont froides et moyennement hautes, le courant soutenu. La pêche se fera sur les bordures, en aval des obstacles ou bien dans les zones profondes et molles de la rivière, coins où la truite ne souffrira pas de la force motrice du cours d’eau et pourrait s’y trouver en appétit.

En cette période et après une accalmie sur les berges qui aura duré 6 mois (suite à la fermeture de la pêche) , les truites auront perdu en méfiance et les touches seront souvent franches et insistantes.

Nous emploierons de préférence un appât assez volumineux et plutôt lourd pour tenir le fond. Le ver est certainement le meilleur appât pour débuter.

Pour immerger notre appât en profondeur, nous utiliserons une plombée à l’image de notre appât, dense et lourde. Elle participera aussi au maintien du ver prêt du fond.

Après avoir lancer notre montage et attendu qu’il atteigne le fond, nous accompagnerons avec nos bras la canne qui se devra de suivre le mouvement de l’eau pour bien prospecter le coup. La règle étant de conduire la ligne dans la veine d’eau choisie sans en sortir, sans la tirer ou la retenir (à moins que vous en ayez fait le choix pour une raison précise et justifiée) et en essayant de proposer notre offrande en tête de cortège.

La plombée qui conviendra en pareille période peut être qualifiée de plombée lourde et concentrée, c’est-à-dire élaborée avec des plombs assez lourds (entre N°3 et N°7 en moyenne), rapprochés entre eux et proches de l’appât pour veiller à ce qu’il reste prêt du fond, à portée des truites.

Pour apporter un peu de souplesse, il peut être appliqué une certaine progressivité dans le montage de la plombée à condition que le courant de fond soit très modéré. Ce qui sera le cas pour le fond de cuvette visible sur la photo.

Exemple de plombée :

plombée d'ouverture
Plombée lourde de début de saison / rivière de taille moyenne

– Cas de figure de la période estivale :
Voici le mois de juillet, les eaux tendent à l’étiage et se sont réchauffées. Les poissons trouvent là le meilleur moment pour s’empiffrer. La nourriture est abondante et la température de l’eau amène le poisson à accélérer son métabolisme et donc, à manger souvent.

Mais attention, nous voilà projetés 3 mois et demi après l’ouverture et les poissons présents ont certainement déjà fait connaissance avec une ligne et son danger terminal. Ils sont donc prévenus et seront vigilants face à toute anomalie, une ligne trop lourde véhiculant un appât au comportement suspect par exemple.

Il faudra donc jouer juste dans notre approche et le montage de notre plombée devra être en phase avec la réalité. Moins de débit équivaut à alléger notre plombée. Les plombs de n°4 utilisés en début de saison seront remplacés pas les plombs de n°6 et certainement que nos montages comporteront moins de plombs au bout du compte.

Probablement aussi que le 1er plomb monté en dessus de l’appât s’éloignera ou s’allégera afin de ne pas brider l’appât et préserver ainsi l’aspect naturel de l’esche lors du passage de ligne..

Donc, pour résumer, une plombée souple et assez légère avec au besoin un montage progressif. Avec ce type de plombée, un petit ver ou une larve naturelle type porte-bois peuvent être utilisés.

Exemple de plombée :

plombée d'étiage
Exemple de plombée d’étiage / rivière de taille moyenne
TUTORIEL VIDÉO

APPRENDRE LA PÊCHE
À LA MOUCHE

Une méthode pas à pas pour apprendre et maîtriser rapidement la technique de la pêche à la mouche en rivière afin de tout savoir sur cette pratique et réussir vos parties de pêche à la truite en sèche.

Quelques conseils supplémentaires pour réussir :

Toujours considérer que c’est le flux de l’eau qui guide notre dérive. Nous devons nous employer à suivre la dérive en maintenant si possible un aplomb le plus proche de la perpendiculaire avec notre ligne pour gagner en naturel. Que cela soit en petite comme en grande rivière.

Bonne tenue de canne
Bonne tenue de canne = dérive bien exécutée

Une plombée équilibrée sera, pour chaque coup, celle qui propose un appât sans qu’elle ne s’accroche au fond ou sans donner l’impression de peiner durant son immersion.

Autre point important et erreur souvent constatée, il vous faudra être logique dans le réglage de la hauteur de pêche, c’est à dire la distance séparant votre guide fil à votre hameçon. Celle-ci devant veiller à respecter une longueur légèrement supérieure à la profondeur de pêche, le guide-fil étant placé au ras de l’eau lors de la dérive. Un mauvais réglage pourrait réduire à néant vos efforts de réflexion dans la constitution de la plombée. Réglé trop haut, il est à l’origine de nombreux accrocs sans pour autant que votre plombée soit trop lourde, réglé trop bas, il est à l’origine d’absence de touches car votre appât pêche en dessus de la couche de fond.

Si le réglage de la profondeur vous semble ajusté, et que vous rencontriez des accrocs, il est fort possible que votre plombée soit trop lourde. Au contraire, si la ligne vous donne l’impression de ne pas tenir le fond et de passer trop vite en volant, la plombée est probablement trop légère.
A vous d’enlever ou de rajouter un grain de plomb pour vous rapprocher de la plombée parfaite.

C’est à ces détails que vous vous rendrez compte de l’accroissement des touches provoquées par une plombée adéquate lors de vos parties de pêche. Donc, ne vous en privez pas ! Ajustez sans cesse !

Belle truite capturée grâce à une bonne plombée
Bonne plombée + belle dérive = beau poisson
CAPTURER UNE BELLE TRUITE EN DÉRIVE EN GRANDE RIVIÉRE ?
10 CONSEILS ESSENTIELS POUR RÉUSSIR ET Y ARRIVER  → voir l’article

Pour conclure :

Il me semble vous avoir donner quelques conseils et quelques clés nécessaires à une bonne élaboration et construction de plombée. Il ne vous reste plus qu’à mettre en pratique et essayer, modifier, régler, analyser vos plombées et vos coulées.

Et lorsque vous arriverez à distinguer une ligne qui pêche d’une ligne mal équilibrée, vous verrez que, comme par enchantement, la touche se produit exactement au moment où vous le présentiez, quand on sent que ça pêche. A vous d’en arriver là…

Si vous rencontrez des problèmes et si malgré ces explications, vous peinez à savoir si votre pêche convient, ou que vous désirez approfondir votre pratique et vos connaissances, alors pourquoi ne pas solliciter un moniteur-guide de pêche spécialisé dans la pratique.

Il vous expliquera les secrets de la plombée en détail ainsi que toute la technique à développer une fois au bord de l’eau. Au final, il vous fera gagner du temps et saura décupler vos compétences. Pour ma part, je peux vous proposer des stages de pêche au toc ou des stage de pêches en dérive naturelle sur les rivières pyrénéennes.

Vous pourrez aussi compléter cette lecture en lisant l’article général sur la technique de pêche au toc rédigé sur ce même blog.

Au plaisir de vous rencontrer.

En bonus, voici quelques articles intéressants à lire et rédigés sur le site de mon (ancien) sponsor Pezon & Michel :

Un article analogue sur le même thème :

Un abcédaire en deux articles sur comment aborder la période d’ouverture de la truite ainsi que le matériel à employer (exemples proposés avec les produits disponibles chez mon sponsor) :

Voici un article sur la lecture et la compréhension des postes de pêche à considérer en période estivale :

Et pour terminer, si la pêche en nymphe au toc vous inspire, vous trouverez ici pas mal de données sur la technique :

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11 réflexions sur “La plombée et la pêche au toc.”

  1. Merci Lionel,
    Je suis avant tout un moucheur, mais je ne dédaigne pas, loin s’en faut, la pêche aux appâts naturels ou en nymphes; Je viens d’acquérir une Tenryu de 4m spécialement dédiée à ce type de pêche. J’ai hâte de l’essayer. Je me suis abonné à votre Newletter car je suis très content de vos articles
    Bonne journée
    Denis

    1. Merci M DERAY,
      Être polyvalent est certainement un avantage dans l’approche de la pêche à la truite.
      Alors bravo d’avoir franchi le pas !
      Je vous souhaite de bons moments au bord de l’eau.
      Et tâcherez de rédiger quelques prochains articles qui sauront vous satisfaire.
      Au plaisir.

  2. après qq années de pèche a la mouches il y a une trentaine d’année , je me met a la pêche au toc , pour la carpe , encore quelques siècles et je

    serai prêt …

    merci pour vos explications , et bonne fin de saison .

  3. John Draper-Bolton

    Merci Lionel pour le partage de votre expérience et le très beau site complet, j’arrive dans les Pyrénées dans quelques jours et je suis tombé sur votre site en préparation de mes futures parties de pêche et vos informations me seront précieuses pour le succès de la pêche…
    Pour ma part j’ai débuté la pêche à la truite à 10 ans dans les torrents haut savoyards avec une grande canne de 5m , 1m de fil et trois petits bouts de laine deux blancs et un rouge
    au milieu..et toc ! et depuis la passion n’a jamais cessé…et j’ai hâte de voir vos magnifiques rivières et de beaux poissons.

  4. Super! Merci pour toutes ces bonnes infos qui vont beaucoup m’aider. Mais pourriez vous indiquer les distances entre les plombs des différents montages. Merci.

    1. Bonjour,
      Pour les distances entre les plombs, il n’y a pas de mesure précise tout simplement parce qu’il n’y a pas une règle d’écartement unique. Chaque courant est différent.
      Retenez surtout que la proximité du premier plomb (le plus petit) doit être proche de l’hameçon quand vous considérez qu’il y a encore un courant conséquent sur le fond.
      Dans le cas contraire, il vous faudra éloigner le plomb de touche de l’hameçon.
      Au plaisir.

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